L’espace-temps comme paradigme de notre existence 17/4/25

Le mystère de notre existence

Sur ce site nous avons longuement montré que la justification de l’existence de l’univers et de notre existence débouchait sur des tautologies. La conscience de notre existence justifie celle de l’univers dont nous sommes partie intégrante. Nous sommes aussi partie englobante de l’univers par notre pensée, qui nous permet de le considérer dans sa totalité.

Faut-il une conscience qui le considère pour donner une existence à l’univers ou tout autre objet (existence externe) ? Lorsque que cette conscience s’applique à celui qui la possède (existence intrinsèque) cela est-il de même nature?

Cela fait beaucoup de questions, dont la seule réponse, un peu frustrante, que nous avons proposée s’appuie sur la philosophie existentialiste: l’existence ne s’explique pas, elle se constate. Soulignons la tautologie puisque, pour constater son existence, il faut exister.

Création et existence

Nos schémas habituels de pensée, s’appuyant sur les concepts de temps et d’espace qui nous sont chers (données immédiates de notre conscience selon le philosophe classique) considérant que l’option par défaut est le « rien« , on suppose qu’une création a dû intervenir pour qu’il y ait quelque chose.

Comme disait Leibnitz :  » pourquoi quelque chose plutôt que rien? « . On peut objecter que s’il n’y a « rien », il n’y aura aucune conscience pour le constater, ce qui est de nouveau une tautologie.

C’est dans ce schéma classique que se situe le modèle standard de la cosmologie, avec une création de l’univers (naissance), une vie (évolution dans le temps en vieillissant) et en général une une fin (mort) qui peut être repoussée à l’infini dans certains modèles.

On note le caractère « anthropomorphique » de cette description du phénomène.

L’espace-temps bouscule les concepts du modèle standard

Il est surprenant que le modèle standard relativiste de la cosmologie, dont l’équation qui le définit est l’équation d’Einstein qui définit non pas un espace et un temps mais un espace-temps soit interprétée en termes d’espace et de temps, qui sont des concepts newtoniens.

L’interprétation en terme d’espace-temps fournit une solution bien plus intéressante.

En effet, la notion de création d’un espace-temps n’a pas de sens dans la mesure où un espace-temps est plus que l’espace et le temps séparément qui n’en sont que des « apparences ».

En fait un espace-temps existe en soi, indépendamment de tout autre contrainte externe et n’a pas besoin d’être inclus dans autre chose, soit « spatialement » (aurait un contenant) soit « temporellement » (aurait une dynamique : création-vie-mort).

Un espace-temps n’a ni passé, ni présent, ni futur, notions qui sont des notions newtoniennes, il « existe » en tant qu’espace-temps.

Ces notions (passé, présent, futur) sont des éléments internes à l’espace-temps, qui résultent de feuilletages (découpages) arbitraires, produisant, en conséquence, des apparences, sans caractère physique, du fait du caractère arbitraire du feuilletage, de sa structure.

L’espace et le temps ne peuvent pas créer un concept qui les transcenderait

Concernant une putative création dans le temps et l’espace, on voit mal comment, du temps et de l’espace, qui sont des apparences de l’espace-temps, pourrait émerger un espace-temps, un concept qui lui serait supérieur [1].

En effet, l’espace-temps n’est pas un assemblage de temps et d’espace mais l’ entité physique indivisible fondamentale associée à la théorie de la relativité générale.

Dans ce schéma d’espace-temps, cela confirme que l’évolution de l’univers, l’expansion de l’espace, son feuilletage (arbitraire) en temps et espace sont des paramètres « internes » de l’espace-temps et non pas des paramètres externes qui s’appliqueraient à l’univers espace-temps [2] .

L’espace-temps, un paradigme pour expliquer notre existence

Sur le constat que notre existence ne peut que se constater et que l’espace-temps représentant l’univers n’a également besoin de rien d’autre que lui pour exister et qu’on ne peut que constater son existence, on déduit qu’il y a un morphisme entre les deux entités.

L’étude du formalisme, associé au concept d’espace temps, qui est objet mathématique accessible à notre esprit peut alors servir de paradigme pour comprendre notre propre existence.[3]

Il est intéressant de constater que lorsque notre esprit semble être confronté à une limite conceptuelle, sa tentative formelle de modélisation de la nature nous ouvre une voie pour la surmonter [4]. Ceci tend à prouver que c’est bien dans la structure formelle de la nature, l’espace-temps par exemple, que se trouve la solution.

Les limites de la connaissance scientifique

La science étant une activité humaine, elle en incorpore les caractères. Vis à vis de son objectivité, la question est: la science peut-elle se dissocier ( se débarrasser) totalement des contraintes de notre esprit?

A l’image d’un minerai (l’objet) qu’on extrait dans sa gangue (notre esprit), peut-on éliminer la gangue sans altérer le minerai, plus encore si le minerai est sous forme d’un alliage, comment l’extraire de l’alliage totalement? Si dans le premier cas, on n’a besoin que de procédés mécaniques pour le second il faudra faire appel à la chimie. Comment s’assurer que les propriétés du minerai ne sont pas altérées?

L’objet et l’outil

Lorsqu’on compare plusieurs formalismes associés à un problème, le formalisme, le plus performant, est celui qui incorpore un maximum d’éléments structurels du formalisme. En effet, l’action de cette incorporation est d’insérer une partie de la solution au problème qui se trouve, de fait, partiellement (voire totalement si les paramètres restants sont des paramètres libres: conditions initiales, aux limites…).

La structure d’un outil, qui simplifie l’exécution d’une tâche peut être alors posé comme paradigme pour la description de l’objet auquel il est adapté.

Pour avancer

L’étude de la nature, l’acquisition de connaissances à son sujet, même si elles bousculent souvent nos habitudes de pensée [4], doivent se conformer à ce que la nature nous montre, en dépit de tous les renoncements de pensée qu’il invoque, pour que la connaissance continue à progresser.

Notes

[1] En théologie, on suppose que Dieu ne peut pas créer un être qui lui serait supérieur. Par ailleurs, ceci est aussi illustré dans l’allégorie de la caverne de Platon où, à partir des ombres sur la paroi (les apparences) on se demande s’il est possible, de reconstituer, par un assemblage et une composition des ombres, la réalité ? Dans l’allégorie citée, même si on peut espérer construire « l’enveloppe d’une forme » (sa surface extérieure) à partir des ombres, comme notre cerveau construit une image qui a une apparence 3D de l’objet considéré à partir de 2 images 2D, on voit que cela ne suffit pas car les « êtres » dont on voit les ombres sont plus que leur enveloppe spatio-temporelle qui ne font que de délimiter leur limites spatio-temporelles.

On pourrait invoquer le concept d’émergence, (on ne peut pas expliquer totalement une entité complexe à partir des propriétés de ses seuls constituants, ce qui compromet l’approche réductionniste avec ses limites car il faudrait expliquer comment les constituants ont, eux-mêmes, acquis des propriétés, qu’au stade ultime, on attribue en général à des « symétries ») à condition de bien le comprendre, notamment comment ses relations avec l’environnement pourrait l’introduire, car aujourd’hui il semble plutôt un échappatoire à notre ignorance..

[2] Ce point a été explicité dans de nombreuses pages de ce site.

Expansion de l’univers: une interprétation erronée de la solution donnée par l’équation d’Einstein? 23/09/24 Le Big Bang n’est pas la création de l’univers, c’est une singularité qui en fait partie! (rev. 2/03/25) L’univers n’a pas d’histoire, car, en fait, il est l’histoire ! Expansion de l’univers, inflation (6/01/22)

[3] Un autre exemple édifiant est celui du formalisme de Newmann-Penrose. Il montre comment la structure de phénomènes naturels étudiés peut avoir été incorporée dans le formalisme, ce qui se traduit par une réduction des paramètres aux seuls paramètres libres et qui évidemment simplifie les calculs.

[4] Pour la mécanique quantique, il a fallu « inventer » un formalisme pour le décrire. Ce formalisme permet, non seulement de prédire des résultats d’expériences, mais nous renseigne, par le morphisme qu’il intègre, sur la structure du phénomène de la nature appréhendée par ce formalisme. On a dit, à propos de la mécanique quantique, que « Lorsque l’humain cherchait à connaitre la nature dans ses retranchements ultimes, il y trouvait d’étranges empreintes: « c’était les siennes ».

[4] Il faut se faire violence pour délaisser les concepts de temps et d’espace au bénéfice de celui d’espace-temps qu’il est quasi-impossible de comprendre.

Auteur J.FRIC Publié le