Existence : Tautologie vs transcendance: Quelles limites pour l’esprit ? 28/04/24

Introduction

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Existence de l’univers: Tautologie vs proposition cohérente 29/06/23

qui développe de multiples aspects du problème, développe son argumentaire philosophique.

Existence de l’univers : une tautologie incontournable ?

A la question de l’existence de l’univers, la réponse est simple puisque, en tant que partie de cet univers, s’il n’existait pas, nous ne serions pas là pour la poser.

La question de l’existence, pour nous (de notre point de vue) de l’univers, présuppose notre existence, qui en tant que partie de l’univers, implique son existence.

C’est le constat que nous avons utilisé, et il est indiscutable.

Nous verrons au paragraphe suivant que l’existentialisme généralise cette notion d’existence.

Bien entendu, si nous n’existions pas, nous ne pourrions constater ni notre inexistence ni celle de l’univers.

La réponse est donc une tautologie. Mais n’est-ce pas la seule réponse cohérente qu’on puisse donner à ce type de question, du moins avec notre mode pensée usuel?

En effet, même si nous pensons que la probabilité de l’apparition de la vie dans l’univers est très faible, à un endroit où elle est apparue et a donné naissance à des êtres évolués, ceux-ci ne doivent pas s’étonner qu’ils existent et précisément là où ils sont et que l’univers possède les propriétés nécessaires à leur existence (argument anthropique faible)!

Ce document ne donnera donc pas une réponse à cette question, mais exposera l’état des réflexions avec ses limites. D’emblée, on peut déjà remarquer qu’expliquer et justifier sa propre existence est généralement considéré comme un problème plus philosophique de scientifique. Mais la démarche scientifique nous a amené à reconsidérer drastiquement notre mode de pensée, processus qui n’est pas achevé, aussi les limites actuelles, comme celles des théories, sont loin d’être atteintes.

En faisant un parallèle avec le problème des « preuves » de l’existence de Dieu que les croyants ont longtemps cherchées, il est apparu aux théologiens que cette recherche était vaine, car si l’humain pouvait, par sa raison, trouver une preuve il se hisserait au niveau du divin, ce qui revient à dire que nous serions l’égal de Dieu, ce qui est une proposition inacceptable pour un croyant. On voit que la condition d’un croyant est de croire sans espoir d’être convaincu. C’est la nature de la foi.

Sommes-nous strictement dans la même situation ? Si c’est le cas notre quête sera toujours vaine. Sinon, ce dont nous ne sommes pas certains, au cas où, dans le document, nous donnons quelques pistes qui passent, sans doute, par une rupture conceptuelle encore plus majeure que celles que nous avons déjà connues dans l’histoire, aussi soyons optimistes et continuons à chercher.

Essentialisme et existentialisme

Essentialisme

Cette question de l’existence, en particulier de notre existence au sein d’autres existences, a, de tout temps, été un sujet de prédilection des philosophes.

L’interprétation platonicienne stipulant un monde des idées et sa réalisation phénoménologique dans notre monde sensible (le monde physique dans lequel nous vivons) justifie l’existence comme une réalisation imparfaite dans le monde physique, des entités parfaites du monde des idées.

Ce monde des idées (essence), qui ne nous est pas accessible, présente donc un caractère « divin » dans cette approche.

Existentialisme

Existentialisme comme un constat de notre existence (existentialisme « opérationnel »)

L’existentialisme, rompt avec ce caractère de préséance de l’essence sur l’existence pour affirmer au contraire que c’est l’existence qui prime. L’existence ne peut pas se déduire, elle se constate par une conscience: L’existence de quelque chose est un concept qui vaut pour quelqu’un.

Ceci existe pour moi.

Ce quelqu’un, munie d’une conscience, doit exister: Il existe aussi forcément pour lui même. Une conscience doit exister pour constater son existence et l’existence d’autres éléments, en particulier ceux qui semblent nécessaires à son existence, comme l’univers.

L’existence n’a pas de caractère « universel », ce concept est de type relationnel: telle chose existe pour elle-même (relation à soi-même: conscience) et une autre chose (pas forcément munie d’une conscience) peut aussi exister pour notre conscience (relation à autrui).

Dénouer ce nœud gordien

C’est une propriété de type non linéaire, auto-réactive, où l’existence d’une entité munie d’une conscience valide sa propre existence !

Notons que, à contrario, on peut se demander si cela a un sens d’imaginer « l’existence » d’une entité sans conscience, interne ou externe, pour la constater. A priori non, car comme on ne peut exister que pour quelqu’un, il faut une entité munie d’une conscience pour le constater. A ce titre, on comprend mieux pourquoi l’univers dans lequel nous vivons inclût des consciences, car sans conscience, un univers n’existe pour personne.

On pourrait objecter qu’avant notre apparition, seul un monde minéral, végétal et animal non conscient existait, mais ceci est un constat que nous faisons, il faudrait se demander à quel stade de développement du monde animal (végétal)? ce type de conscience d’exister est apparu.

Ce nœud gordien peut -il être dénoué, autrement que par la méthode d’Alexandre le grand?

Paradoxalement, la relativité générale et la mécanique quantique vont nous proposer un paradigme, plutôt instructif, pour éclairer cette situation. Nous y reviendrons.

Gardons à l’esprit que, par définition de l’existence, l’existence nécessite une « conscience » (nécessairement un être pensant : je pense donc je suis !) pour la constater : on constate l’existence !

L’existentialisme implique donc une « conscience » dans l’univers pour qu’il existe et en conséquence et, dans l’approche matérialiste, qu’il y ait une nécessité pour l’univers de produire une conscience pour « exister » (argument anthropique fort: l’univers a une finalité). Sinon, au mieux, il ne pourrait « qu’être ».

Dans cette approche matérialiste, l’univers est le « tout », la conscience qu’on en a est interne (fait partie de l’univers), ce n’est pas une conscience extérieure à l’univers . .

Notons, que dans cette approche qu’on pourrait qualifier d’existentialisme « opérationnel » l’essence des choses n’est pas explicitement niée, elle est simplement ignorée, car n’étant pas accessible à notre connaissance, elle est jugée inutile.

Si l’approche existentialiste peut laisser l’esprit insatisfait, car il peut apparaître comme un renoncement (on ne sait pas répondre à question de la source de notre existence, on l’élude et on s’en tient au constat), son fondement est bien étayé.

L’existence doit -elle être justifiée?

Cette insatisfaction putative ne se fonde-t-elle pas sur une conception implicite d’un monde platonicien ? : L’existence de toute chose doit être justifiée! La question qui se pose alors est : cette justification est-elle vraiment nécessaire ?

Après tout, ce monde des idées parait bien fictif, alors ce n’est pas se limiter que de constater prioritairement l’existence, car c’est ainsi que la réalité s’expose!

C’est le point de vue de l’existentialisme opérationnel que nous avons précédemment exposé, que, de façon lapidaire, on peut résumer par: « constatez l’existence, pour sa source ou sa cause, circulez, il n’y a rien à voir! ». Cette attitude qui peut paraître être une pirouette pour échapper à un problème (une échappatoire) est, malgré tout, supporté par quelques arguments.

Quand nos concepts de temps et d’espace nous égarent

Par exemple la notion de préséance (l’existence d’un prédécesseur) implicitement invoque le temps (au minimum une chronologie, l’un est avant l’autre), ce qui pour l’univers pose problème puisque que l’univers est un espace-temps qui ne nécessite pas de prédécesseur.

En effet, un espace-temps c’est quelque chose qui est plus que le temps et l’espace qui n’en sont que des ombres. Ce critère de chronologie n’est donc pas un attribut externe à l’univers mais au mieux un paramètre interne, qui existe car élément de quelque chose qui existe déjà.

Tout cela montre qu’il ne faudrait pas se laisser aberrer par des non-dits implicites à nos habitudes de pensée, au risque de s’égarer dans sur une fausse piste.

Existentialisme « transcendantal » : L’existentialisme transcendantal ouvre une voie vers une proposition cohérente de l’existence de l’existence

En effet, si notre esprit, très imprégné par la philosophie de Platon, suppose une cause extérieure à notre existence, divine par exemple, ce qui a été dit au sujet de la nature de l’univers telle que présentée par la relativité générale, un espace-temps n’est pas dans le temps et l’espace, il existe. Il n’a pas été créé quelque part, à un instant particulier (cf J. Peebles).

Donc cette notion de « création » dans le temps et l’espace, prégnante à notre esprit, ne peut, en fait qu’ être relative qu’à des entités internes à notre univers dans l’espace-temps où des coordonnées spatiales et temporelles peuvent localement être définies pour le spécifier

Quand le modèle chronologique nous induit en erreur

Ainsi, comme le modèle chronologique de la cosmologie moderne décrit un univers avec un début (big Bang?) et une évolution, où notre apparition (en tant qu’êtres pensants munis d’une conscience) est très tardive, on pourrait penser que, comme une phase importante de son évolution s’est faite en notre absence, l’univers a bien existé sans nous, même si c’est nous qui le pensons actuellement. Son existence et sa description sont dans notre esprit.

Bien entendu, il y avait, il y a, et il y aura peut-être ailleurs d’autres êtres pensants, avec une conscience et peut-être plus ou autre chose que nous n’imaginons pas, qui peuvent se poser les mêmes questions et sans doute d’autres. Ne considérons que notre cas.

Comme l’univers est un espace-temps, en termes newtoniens on pourrait dire qu’ il est tout le cosmos dans son extension maximale spatiale et temporelle. Nous faisons partie de ce cosmos. L’existence de l’univers contient notre existence qui fait partie de « tout », entre autres, mais au même titre que tout le reste, la chronologie résulte d’un paramètre interne à l’univers . Nous ne savons pas si parler de l’émergence de cet espace temps a un sens (probablement non) mais, pour donner une image, si c’était le cas, nous ferions partie du tout, à son émergence, de ce qui a émergé

Notre erreur de pensée est alors d’attribuer à l’univers (l’espace-temps) les mêmes contraintes que celles qui régissent nos phénomènes à l’intérieur de l’univers. C’est une faute conceptuelle que d’imposer cela !

Il faut donc adopter un autre paradigme : L’existence d’une entité ne nécessite pas sa création au sens commun du terme : émerger du néant en un lieu à un temps donnés, ce qui suppose l’existence préalable d’une structure de temps et d’espace.

Ces structures spatio-temporelles, que notre esprit considère comme des données immédiates de sa conscience, à caractère universel, n’existent qu’à l’intérieur de l’univers et à l’intérieur de nous mêmes , ce qui fait qu’il nous est difficile de nous en détacher. Elles ne s’appliquent pas à l’univers, elles en sont la trame.

Le caractère transcendantal de ce paradigme

On peut s’étonner que notre esprit, élément interne à cet univers, puisse élaborer des concepts qui lui sont externes. Notre esprit n’est pas une structure « fixe » mais très flexible, c’est d’ailleurs sa principale qualité et elle n’est pas des moindres !

Ce caractère transcendantal de la connaissance est illustré par Bachelard à propos du passage de la mécanique newtonienne à la relativité. Il souligne que rien, dans la mécanique newtonienne, ne préfigurait la relativité.

En effet, si comme Bachelard le souligne la connaissance est de nature inductive, la loi est induite de l’exemple, le passage de la mécanique newtonienne à la mécanique relativiste ne résulte pas d’une induction de type amplificatrice (qui étend le champ des connaissances sur des paradigmes existants) mais d’une induction transcendantale par une rupture épistémologique vers un autre paradigme.

Cela implique, par exemple que la compatibilité entre ces théories en champ faible ne se fait pas naturellement, mais au prix de mutilations de la relativité : on fait des assimilations « contre nature » entre des potentiels (scalaires) et des courbures qui ne sont pas de même nature.

L’esprit peut-il dépasser sa condition matérielle?

Nous faisons partie de l’univers, nos constituants matériels (protons, neutrons, électrons, avec leurs règles de composition) sont ceux de l’univers. [1]

Notre esprit dont le fonctionnement met en œuvre une combinatoire élevée des possibilités offertes par notre constitution, peut-il s’affranchir de sa carapace matérielle?

Notre constitution matérielle, apparemment dans un espace à 3 dimensions et son évolution (la dynamique) selon un paramètre dynamique à 1 dimension que nous appelons le temps induit que nous vivons dans une structure spatio-temporelle de type 3D x 1D, où le signe multiplication indique une combinaison d’un paramètre à 3 dimensions avec un paramètre à une dimension, paramètres qui sont indépendants.

Mais l’étude de la nature et de ces lois, théorisées par exemple par la relativité générale, nous montre que ce n’est pas la structure de cette nature. L’univers est un continuum (espace-temps) à 4 dimensions où les aspects spatiaux et temporels ne sont que des « sections arbitraires » (les ombres de l’allégorie de la caverne de Platon) de l’entité « monolithique » espace-temps qu’on devrait appeler plutôt « univers », un terme sans connotation restrictive d’espace et de temps .

Notons comme le terme « espace-temps » est trompeur car il suggère une concaténation de l’espace et du temps, ce qui n’est pas le cas, mais que notre esprit utilise car il se réfère à ces concepts inhérents à notre matérialité.

Pour illustrer la différence de phénoménologie entre un univers à 4 dimensions et la perception que nous en avons à 3 + 1 dimensions , bien que 3+1 = 4 , prenons l’exemple de la vision binoculaire où chaque œil reçoit une image à 2 dimensions (sur la surface rétinienne).

Le résultat, que nous renvoie notre cerveau, n’est pas la somme des images ou une combinaison des images qui serait à 2 dimensions, mais une image à 3 dimensions qui est l’objet « monolithique et synthétique », la référence, dont les 2 images qu’il a utilisées pour cette création 3d ne sont alors que des ombres dans un sous espace 2d.

Cette image 3D créée par le cerveau, est bien plus qu’une combinaison de 2 images 2d .

C’est la même chose pour l’espace-temps c’est bien plus qu’une combinaison d’espace et de temps qui n’en sont que des ombres.

Pour poursuivre la compréhension de la difficulté qu’a notre esprit à conceptualiser l’espace-temps prenons maintenant l’exemple d’un espace à 4 dimensions. Un prisonnier dans sa cellule bien fermée (murs autour) barreaux aux fenêtres et portes ne peut pas s’échapper dans un espace à 3 dimensions. Mais s’il existe une 4ième dimension et s’il y a accès il s’échappe par cette dimension. Peut-on concevoir cela?

Mais où est donc cette dimension supplémentaire? Nous ne la concevons pas! Comment la concevoir. Mathématiquement, je sais que c’est possible, je sais le décrire très précisément et prédire les résultat mais je le le conçois pas. Mon esprit est aveugle à cette 4ième dimension spatiale.

Mais si, dans un univers à 3 dimensions, nous considérons un plan (à 2 dimensions), par exemple un carré (horizontal) délimité par 4 côtés dont on ne peut pas franchir un côté (ligne) sur la surface (miné par exemple), on sait qu’on peut « sauter’ par dessus cette ligne (sans la toucher), dans la troisième dimension (verticale), sans déclencher la mine. Là on comprend, parce que notre esprit familier avec cet espace à 3 dimensions et ses feuilletages.

Notons que ce cas est illustré de manière militaire par les lignes défense terrestres (tranchées, mines, etc?) où on peut utiliser des moyens aériens pour franchir ces défenses.

Tout cela est symptomatique d’une étrange situation qui semble contradictoire. L’esprit peut décrire très précisément la phénoménologie associée au phénomène mais ne sait pas synthétiser le phénomène (objet) qui génère cette phénoménologie. Par contre, il sait très bien le représenter par des « équations » permettant de faire des prédictions de résultats fiables.

Ceci n’est finalement pas un obstacle majeur, car, concernant l’existence de ces phénomènes, ce qui importe ce sont ses actions et interactions avec le monde physique, pas leur nature intime (noumène). Leibnitz avait bien décrit cela en déclarant que ce qui n’agit pas n’existe pas: On existe par ses actions sur le monde!

Toutes ces considérations justifient de se poser la question: notre esprit peut-il dépasser toutes ses contingences matérielles?

La science moderne nous ouvre la voie

Le simple fait de se poser la question ouvre une porte vers cette hypothèse. Mais vers quoi aller? Dans cet article nous avons examiné des possibilités qui montrent qu’il faut se dégager de nos concepts habituels qui aboutissent à un échec dans la connaissance de l’univers et de notre existence.

Il ne s’agit pas de briser et violer n’importe comment les lois qui gouvernent notre esprit, de manière assez efficace, en émettant des hypothèses qu’on jugerait « incongrues », du moins dans le contexte actuel.

Certes elles vont nécessairement l’être, puisque ce que nous appelons aujourd’hui le « possible » ne permet pas de briser le cercle vicieux de notre existence, mais dans un contexte où de nouveaux paradigmes plus synthétiques devront, par une réduction, voire plutôt par une mutilation (comme le dit « Bachelard »), produire les lois que nous connaissons qu’imparfaitement aujourd’hui.

Ce procédé n’est pas sans rappeler le passage de la science classique du 19ième siècle à la science moderne du 20ième siècle qui s’est opéré au prix d’une rupture conceptuelle brutale que personne n’attendait (et qu’on a mis longtemps à assimiler)!

Si nous sommes arrivés à établir des théories efficaces, comme la relativité générale qui anéantit nos concepts de temps et d’espace, inhérents à notre pensée et comme celle de la mécanique quantique, où, alors que nous n’y comprenons rien, la théorie nous a permis d’explorer un aspect du monde mystérieux qui reste incompris, alors l’espoir reste permis.

En effet ces théories, qu’en fait nous ne synthétisons pas, ne devraient pas nous déstabiliser mais plutôt nous réjouir car elles nous montrent le chemin et ouvrent la voie à de nouveaux paradigmes dépassant nos contingences.

Cela montre que notre esprit est capable de dépasser sa constitution matérielle, du fait que ce n’est pas le support matériel qui compte mais la combinatoire inouïe qu’il permet!

Faut-il intégrer l’esprit humain dans l’univers pour le comprendre?

Si notre action physique sur la dynamique de l’univers semble nulle, notre esprit comporte une quantité d’information gigantesque. En terme d’information l’univers avec tous ces atomes et leurs arrangements possibles comporte une quantité d’information considérable, mais un cerveau humain est une structure qui à lui-seul permet une information qui pourrait lui être encore bien supérieure. Et que penser d’une société, combinaison d’esprit humains.

Ne faudrait-il pas alors prendre en compte cela en compte pour mieux comprendre l’univers?

Quelques idées pour aller plus loin

Quelques rappels

Dans ce document nous avons tenté de sauter (ou de contourner) les obstacles qui sont apparus dans notre analyse. Reste néanmoins que nous sommes une assemblage d’atomes ainsi que le support matériel de notre esprit.

Si la cosmologie décrit la composition et l’évolution de notre univers, telle que permettant notre existence, qui révèle une structure qui nous émerveille, mais évidemment compatible avec notre existence, (elle n’est pas , sans doute, la seule possible) que l’évolution des espèces nous décrit l’évolution de la vie jusqu’à nous, qui dépend aussi de l’histoire de la Terre, reste le mystère de l’existence de cet univers, de sa composition et des lois qui le régissent.

Soulignons aussi que notre vision des choses peut être « biaisée » par notre subjectivité qui fait, qu’inconsciemment, nous nous intéressions qu’aux types de phénomènes qui nous concernent (qui ont une action sur notre existence). D’autres phénomènes, qui peuvent être importants, peuvent alors nous échapper.

Capacité et limite du cerveau

Par ailleurs, si notre cerveau est capable de réagir, mieux qu’aléatoirement, à une situation à laquelle il n’a jamais été confronté, propriété admirable que l’intelligence artificielle tente d’imiter, a contrario d’un programme « déterministe », encore faut-il qu’il ait des connaissances sur des situations qui ont des similitudes avec celle qu’il affronte.

En effet c’est sa capacité a extraire des corrélations entre ce nouveau phénomène et ceux qu’il a déjà appréhendés qui lui confère cette admirable capacité. Mais si la situation qu’il appréhende n’a aucun lien avec ses acquis, il ne peut répondre qu’au hasard.

Ainsi, avant de découvrir que le visible ne couvrait qu’une infime partie du spectre électromagnétique, on voit mal comment notre esprit aurait pu donner une explication, meilleure qu’aléatoire, à un phénomène comme une radio du corps aux rayons X, ce qui lui paraitrait magique.

L’existence vs création

L’existence du tout, nous la posons comme principe, en fait comme seule argument plausible. Nous avons argumenté, que la création qui, implicitement, faisait référence à des concepts de temps et d’espace qui n’ont pas de caractère physique, devait être exclue car étant une fausse piste qui ne peut que nous égarer.

A ce titre la relativité générale, qui propose un univers ayant la structure d’un espace-temps comme solution, nous offre un modèle, qui d’une part n’a besoin de rien d’autre que lui-même pour exister et d’autre part inclut les concepts de temps et d’espace en tant qu’apparences (qui seraient contenues dans un sous-univers) de l’univers espace temps.

Comme nous sommes sensibles à ces apparences cela suggère, en conséquence, que nous soyons nous aussi (du moins dans notre étendue physique) des apparences, (appartenant au même sous-univers) dans ce contexte d’espace-temps. On comprend alors la difficulté que nous avons de conceptualiser l’espace-temps dont nous ne sommes qu’un produit d’un de ses sous-espaces.

C’est sans doute pour cela, que notre esprit reste sur sa faim, car il conçoit que c’est quelque chose qui lui échappe (comme une 4ième dimension spatiale par exemple qui permettrait à un prisonnier de s’échapper sans fracturer sa prison) qu’il ne peut concevoir.

Le paradoxe de l’esprit

Alors que notre esprit ne peut pas concevoir la 4ième dimension spatiale, les mathématiques, qui sont une activité humaine pratiquée par notre cerveau, nous en offrent une description analytique (entre-autres?) parfaite.

Ceci est un paradoxe flagrant, sauf à considérer qu’une description analytique qui décrit par le menu toutes les propriétés d’un tel espace, ne soit pas totalement équivalente à la description synthétique qui décrit la même chose, avec en plus la synthèse.

Ici, on prend l’exemple de la 4ième dimension spatiale parce qu’il nous « parle », mais ce raisonnement s’applique aussi à l’espace-temps.

D’ailleurs, dès le début de la relativité on a cherché à conserver les concepts newtoniens de temps et d’espace (synchronisation d’un repère qu’on qualifie alors de référentiel en relativité restreinte et feuilletage de l’espace-temps en temps et espace en cosmologie dans la métrique de Robertson-Walker, par exemple)

De plus, puisqu’on peut se poser ce type de question, on voit que l’esprit peut (apparemment?) s’affranchir de sa condition matérielle « confinée « dans un sous-univers pour tenter d’appréhender l’univers. Ceci induit, que cet esprit est d’une nature qui échappe aux contraintes physiques qui les supporte.

Face à ces capacités de notre esprit, qui en dépit de son support physique, confiné dans un sous espace, peut investiguer la possibilité d’une structure plus synthétique, on peut se demander si le fait qu’on ne puisse pas conceptualiser l’espace-temps ne résulte pas du fait que nous n’avons aucune référence de phénomènes incorporant, même partiellement l’intégralité des propriétés de l’espace-temps.

Ceci peut évoluer et donc l’espoir d’une meilleure compréhension de notre existence et de celle de l’univers n’est pas forcément vain.

C’est autour de cela qu’il faut réfléchir et peut-être admettre que ces principes n’est pas seulement plausibles mais nécessaires et construire notre savoir en l’incorporant!

Notes

[1] Soulignons que la vie, elle-même, en particulier celle du monde animal dont nous faisons partie, siège de notre être, met en œuvre des processus d’une complexité inouïe. Elle ne peut se développer, du moins telle que nous la connaissons, que dans un contexte très contraint ce qui semble en restreindre son apparition. Il faut une source d’énergie (étoile) une planète située dans une fenêtre étroite de température et une grande stabilité car il faut du temps, et des événements très spécifiques, pour qu’une évolution vers un être complexe se produise.

Manifestement, tout cela qui a été mis à notre disposition, comme par enchantement nous paraît résulter d’un plan (divin pour les croyants), avec sans doute une finalité, pour que la vie et l’esprit apparaissent.

Y-a-t-il une finalité?

L’univers a-t-il besoin de nous? En quoi pourrions-nous influencer son état et son évolution. Dans l’approche chronologique la réponse semble négative: L’univers s’est passé de nous et peut continuer à le faire. nous ne sommes, alors, qu’un effet accessoire de sa diversité.

Mais dans l’approche covariante, considérant l’espace-temps comme la seule entité physique, nous en sommes partie intégrante! Ceci ne nous renseigne pas sur le sort et le rôle qui nous est réservé, mais il est possible que, dans ce contexte, se poser ces questions n’ait aucun sens. La seule certitude est que nous existons!