introduction
La rubrique « Philosophie (3/11/24) » de ce site traite de nombreux aspects de l’existence. En matière de complément et de synthèse on peut considérer différentes catégories qu’on peut relier à ce concept.
Existence intrinsèque
C’est celle que nous constatons par notre « conscience ». nous avons conscience de notre existence. C’est, sans doute, le processus le plus imbriqué car l’objet lui-même se prend pour sujet pour se constater en tant qu’objet.
Une illustration de la dualité se retrouve en mathématiques (qui est une activité humaine) ou le dual d’un objet serait le sujet et le dual du sujet serait l’objet dont il est issu (comme l’image dans un miroir). Sujet et objet sont deux facettes de la même entité.
On mesure le niveau s’intrication puisque pour expliquer notre existence nous faisons appel à notre conscience, elle-même produit intriqué de notre esprit qui implique notre existence et est lui-même, la substance de notre activité intellectuelle: L’existence se justifie implicitement par l’existence.
La dualité (au sens mathématique) impliquée dans le processus, est une symétrie de type image miroir qui nous renvoie une image duale (non superposable en 3 dimensions) que nous pouvons ramener à une image superposable par l’usage de 2 miroirs: le dual du dual est lui-même.
Remarquons à ce titre que c’est un miroir qui nous permet de voir l’intégralité de notre corps et « l’externalise » en quelque sorte. Il nous procure une vue complète de nous-même, de l’extérieur. Et par une double réflexion, on obtient un objet qui est identique à celui qu’un autre observe.
Notons que, sans miroirs, la connaissance de notre corps serait sans doute bien moindre, résultant alors de nos sens (la vue limitée qu’on en a depuis notre visage, le toucher) et de la description que d’autres peuvent en donner.
C’est comme notre galaxie que nous voyons de l’intérieur comme une trainée blanche, alors qu’on suppose qu’elle a la forme d’un disque avec un bulbe au centre, au vu des autres galaxies qui nous sont extérieures.
Le fait que notre corps et notre esprit soient constitués d’un assemblage d’atomes qui obéissent à des lois (symétries CPT par exemple) induit qu’il n’est pas exclu que cela se répercute au niveau le plus intime de notre esprit.
Le fondement de la mécanique quantique et la théorie quantique des champs associée s’appuient sur ces symétries fondamentales (Symétrie CPT) et leurs violations éventuelles pour expliquer certaines propriétés de l’univers.
Même si le rapport avec notre existence n’est pas immédiat, cela mérite réflexion.
Encore plus étrange est la violation de chiralité de la vie sur Terre.
Là encore c’est une violation de symétrie puisque alors que les molécules des briques du vivant existent sous deux formes liées par une parité (symétrie miroir), une seule est présente dans les processus du vivant.
Nous en ignorons la raison et la source mais cette énigme interpelle.
Existence extrinsèque
C’est le constat d’existence d’un objet qui n’est pas nous même. Ce point a été développé dans la référence, un des aspects qui été discuté est que si l’objet extérieur considéré n’a pas lui même conscience d’exister, qu’il n’existe alors que dans l’esprit d’un autre objet, on peut se demander si, sans conscience extérieure pour constater son existence, il existerait « en soi ».
Existence implicite
Ce point à été aussi développé dans les références, c’est le cas de l’existence de l’univers dont nous faisons partie, notre existence suppose son existence.
La question, alors, c’est existe-t-il en soi, où parce qu’il nous contient pour la constater.
Connaissant l’histoire de l’univers dans lequel nous sommes apparu tardivement, il semble impossible d’affirmer qu’il n’existait pas avant une conscience.
On peut, bien sûr, argumenter que d’autres consciences, ou même mieux, peut-être, existent ailleurs et existaient avant, mais l’argument paraissant le plus solide relève du concept d’espace-temps.
L’analyse précédente est conduite dans une approche newtonienne avec temps et espace indépendant.
L’espace-temps implique que l’univers doit être considéré comme un bloc indivisible ou le temps et l’espace sont des caractères internes. Dans cette approche notre existence est inscrite et fait partie du tout.
Donc l’argument « historique » ne décrit qu’un processus interne d’évolution mais pas de constitution qui nous inclut.
Peut-on aller plus loin dans l’analyse?
Dans un contexte fortement coopératif des esprits dans le contexte d’un monde hyperconnecté peut-on dépasser ce niveau de réflexion?
Une limite structurelle ?
Un objet peut-il déterminer l’émergence de sa propre existence? Au delà de l’argument qui stipule qu’il faut exister pour « éventuellement » constater son existence peut-on trouver des raisons « objectives » à une nécessité ou une opportunité qui fait qu’on existe ou pas.
Sur ce sujet, la coopération des esprits dans notre monde moderne et les intelligences artificielles, si elles peuvent nous assister dans nos travaux, et nous permettent de nous décharger de tâches fastidieuses, ne nous apportent pas de réponse.
Si c’était le cas, peut-être, découvriraient elles que c’est nous, mais jusqu’à quel point, qui les avons créées, en supposant qu’elles- mêmes ne prennent pas de la distance et acquièrent une liberté qui feraient qu’elles nous échapperaient. Pourraient elles alors nous dépasser?
Quid de l’homme « augmenté?
Les progrès de la biologie moderne, en particulier l’ingénierie génétique nous promettent l’éradication des maladies et autres tourments quotidiens, voire presque la vie éternelle, cela lèvera t il le voile sur nos origines?
Rien n’est moins certain, car il s’agit de progrès de type amplificatifs (on améliore) et non transcendantaux (rupture avec l’existant) qui sont nécessaires (mais pas forcément suffisants) pour outrepasser les paradigmes qui nous bloquent.
Mais l’espoir qui demeure c’est que notre esprit en l’état comporte des ressources que nous n’avons toutes explorées comme en témoigne le monde dans lequel nos vivons et que relatent les théories modernes de la physique qui, en elles mêmes ne peuvent que nous surprendre, car elles bousculent tous les concepts que nous considérions comme des fondamentaux de notre esprit.
Ce dépassement manifeste est de bon augure car il nous révèle que des capacités étonnantes sont présentes dans notre notre esprit.
A ce titre l’exemple du continu est significatif, car alors que nous sommes par nature « discontinus » car constitués d’atomes différents en nombre limité (mécanique quantique), interagissant par des interactions de nature discontinue ( théorie quantique des champs), le continu s’impose à notre pensée. Cet exemple montre l’émergence d’un processus qu’on ne peut pas expliquer par la nature et l’arrangement de ses constituants [1].
Annexes
[1] Le mystère du continu : connaissance [2] parfaite
Notre esprit est capable de conceptualiser, plutôt naturellement, ce qu’on appelle en mathématique le « continu ».
Une caractéristique du continu est qu’il procure une connaissance « parfaite » de l’objet auquel il s’applique ce qui correspond, en général, même si seulement une ou quelques propriétés « génériques de type géométriques par exemple » sont retenues, à une information « infinie du type le plus achevé » sur l’objet décrit. On parle de la puissance « infinie » du continu (non dénombrable) en mathématique!
Une incohérence flagrante
On prend conscience de l’incohérence qui en résulte: Un système discontinu, imparfait, permettant, certes, une information importante mais finie, notre esprit est capable de générer un concept parfait intégrant une information infinie!!
Origine du concept de continu
Ce concept prend sa source dans l’approximation, liée à une imprécision de la perception, que nous avons de la nature: ainsi un solide que nous regardons ou que nous touchons nous paraît continu.
Le continu n’existe pas dans l’univers
Mais, c’est une pure invention, car nulle part dans la nature et, a fortiori, dans notre esprit, le « continu » existe !
Avantage ou inconvénient du concept
Doit-on considérer cela comme un avantage, (capacité à conceptualiser quelque chose qui n’existe pas dans la nature et ce n’est pas le seul cas) ou au contraire comme un leurre qui nous égare et nous donne une idée fausse de la nature ?
On peut objecter que quand on sait que cette perception du continu n’est pas représentative de la nature, on concilie les deux points de vue et ainsi gagne sur les deux tableaux, mais c’est ignorer le caractère insidieux du concept qu’on peut utiliser sans en avoir conscience.
Le mystère demeure
Reste quand même un beau mystère : Comment une structure fondamentalement discontinue (notre esprit) peut conceptualiser le continu !
[2] Connaissance et vérité
Un point essentiel était la relation entre connaissance et vérité.
Ainsi Kant déclarait :
« Les deux souches de la connaissance humaine, qui partent peut-être d’une racine commune mais inconnue de nous; la sensibilité et l’entendement; par la première les objets nous sont donnés, par la seconde il sont pensés »
Note: Par sensibilité, il faut comprendre ce qui nous est accessible par nos sens.
et il déclarait également (entre autres)
« La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen que j’ai de comparer l’objet avec ma connaissance, c’est que je le connaisse. Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même. Mais c’est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c’est si ma connaissance de l’objet s’accorde avec ma connaissance de l’objet. Les Anciens appelaient diallèle un tel cercle dans la définition. »
(cité dans « Le plaisir de pensée- de A. Comte-Sponville, éd. Vuibert)
On voit que l’étude de la relation entre connaissance et vérité conduit à une auto-relation dont on ne peut rien déduire de vrai !
Par ailleurs il est souligné, dans d’autres articles, que la connaissance d’un objet se heurte à la complexité de l’objet dont il est, en général, impossible de saisir tous les aspects. L’avis général est que la connaissance ne peut être , au mieux, qu’une partie de la « vérité ».
La révolution scientifique du 20ième siècle
Alors que la science classique pensait être arrivée à un aboutissement à la fin du 19ième siècle, l’émergence de la relativité (restreinte puis générale) et de la mécanique quantique allait tout remettre en cause. Cela a concerné la science et en conséquence la nature de la connaissance.
Le rôle de l’expérience va changer.
Avant, l’expérience était considérée comme une question qu’on pose à la nature à propos d’une hypothèse préconçue formulée par notre entendement. En effet le dispositif expérimental est conçu en fonction du résultat qu’on escompte (ce qui fait dire à certains, une expérience est une théorie matérialisée).
Notons qu’une réponse conforme aux attentes ne valide pas pour autant une théorie, car rien ne dit qu’une expérience ultérieure l’invalidera, mais une réponse non conforme l’élimine.
L’élimination est définitive, la qualification n’est qu’un sursis. Ce qui fait que la connaissance s’acquiert plus par une série d’erreurs (éliminations) que de succès.
Notons que, si on a de la chance,on peut aussi obtenir une réponse qui correspond à une autre question que celle posée et qui peut présenter de l’intérêt (sérendipité).
Ce procédé présuppose que notre entendement est capable de concevoir la nature, mais que simplement, on n’a pas encore la connaissance précise du phénomène particulier qu’on étudie. L’humain est maître du jeu dans ce processus, la science consistant simplement à explorer et découvrir, au fur et à mesure, les différents aspects de la nature, comme on a découvert des terres inconnues au cours de l’histoire.
Pour les nouvelles théories du 20ième siècle, la relativité fait table rase des concepts de temps et d’espace et la mécanique quantique du déterminisme (à ce stade, on se demande ce qui reste…).
Autrement dit, comme nous appréhendions les théories via ces concepts, qui sont eux-mêmes au cœur de notre de notre existence même et surtout de notre entendement, la nature se révèle alors « inconcevable ». Dans ces conditions, difficile de soumettre à la nature des hypothèses préconçues.
Renversement de situation, c’est la nature qui est maintenant maitre du jeu et c’est à l’humain d’adapter son entendement pour élaborer des théories qui décrivent ces phénomènes dont certains aspects nous sont toujours inconcevables (espace-temps permettant des paradoxes temporels par exemple, indétermination, contra-factualité, paradoxe EPR ).
Ces points ayant été discutés dans d’autres pages du site nous en resterons là pour cet aspect.
Le point de vue matérialiste
Ces considérations générales étant rappelées, une autre énigme plus moderne est que les humains, considérés, d’un point de vue matérialiste comme un assemblage structuré d’atomes conformément à la structure permise de cet assemblage par les lois de la mécanique quantique, puissent développer une faculté d’analyse et de connaissance de ces lois.
C’est un méta-phénomène, incluant de plus une conscience, dont l’émergence fait toujours débat.
Ces points ont également été débattus dans les pages du site et dans le livre, et il ressort bien que les théories modernes (relativité et mécanique quantique) comportent des aspects que nous ne pouvons concevoir comme, par exemple, l’espace-temps destructeur de l’espace et du temps en relativité, l’indétermination quantique, la contra-factualité (possibilité de connaître la présence d’un détecteur dans une expérience quantique, sans qu’il soit activé) et le fameux paradoxe EPR, entre autres.
C’est bien la nature qui dicte sa loi
Par des formalismes développés pour cela, construits par un « morphisme » structurel et formel avec les lois étranges qu’on observe, les mathématiques nous permettent de les représenter plutôt correctement !
La nature nous a dicté sa loi et nous a conduit à une approche de type empirique. Le point positif c’est la puissance heuristique du procédé.
C’est l’inconcevable qui est la porte du salut !
Ceci, amène à considérer que ce qui est le plus important c’est ce que nous ne comprenons pas, car c’est là qu’il y a une possibilité de dépasser nos schémas de pensée habituels.
Ceci a été partiellement fait, comme il vient d’être indiqué, mais est loin d’être abouti.