Univers vs Humain 29/03/24

Le point de vue matériel

L’immense univers représente une configuration matérielle et énergétique écrasante par rapport au fragile et minuscule humain qui en est une partie.

En matière énergie l’univers est gigantesque et l’humain minuscule

Le modèle standard de la cosmologie fait fi de l’humain considéré comme totalement accessoire et sans effet sur sa dynamique. Notons le caractère paradoxal d’une telle déclaration faite par un humain qui est supposé exister pour la faire.

Nous rejoignons là le problème de l’existence de l’univers, corrélée à celle de l’humain, quand on soutient qu’exister n’est pas un caractère « en soi » mais nécessite une conscience pour le constater (existentialisme) par opposition à l’essentialisme platonicien. Notons que la conscience existe en soi puisqu’elle est une relation « duale » entre sujet et objet.

En information l’humain est démesuré par rapport à l’univers

L’univers

Le nombre de particules dans l’univers est grand, 1079, et le nombre de photons 1088, car il y a environ un milliard de photons par baryon, ce qui fait qu’on associe, en général [1], l’entropie thermodynamique aux photons du rayonnement de fond cosmologique.(RFC – CMB en anglais). Comme la structure du RFC est proche de celle d’un corps noir, l’information qu’il porte est faible (sa température le définit) et par conséquent son entropie énorme.

En fait, si on prend en compte les fluctuations statistique de 10-5 , l’information requise est plus grande (l’entropie plus faible). Notons que dans ce domaine il n’y a pas de structure entre les particules diversifiée et bien définie qui porterait une information, les particules ne sont pas liées simplement, mais majoritairement sujettes à l’agitation thermique: par exemple, les photons du Rayonnement de Fond cosmologique qui représentent l’ultra majorité des particules, ont une structure de corps noir.

L’humain surpasse immensément l’univers en complexité (information)!

On estime que le cerveau contient environ 80 milliards de neurones, chaque neurone étant connecté à 100 , jusqu’à 1000 neurones voisins.

Prenons la valeur basse, la connexion à 100 neurones par exemple, et partons d’un neurone, il est connecté à 100 voisins, qui lui même est connecté à 100 neurones au bout de la chaîne de 80 milliards de neurones on obtient voit alors que le nombre de connexions est de (1/2 )100 80000000000 =(1/2) 10160000000000, [2] un nombre qui comporte cent soixante milliards de chiffres à comparer le nombre de photons qui en comporte 88 [3].

Chacune de ces connexions est différente des autres, et peut être un élément d’une information globale. Il faut donc une information énorme pour définir tous les états possibles.

Cela peut être lié au fait que la description, en terme d’information, de l’univers dans toute sa complexité, nécessite une structure au minimum aussi complexe (pour porter cette information), ne serait-ce que, parce que cette structure faisant partie de l’univers, elle devrait aussi inclure sa propre. description.

Si la la conscience est une propriété qui satisfait à cette réflexivité (se constater elle-même), on voit que le procédé a ses limites: l’information requise pour décrire le système est une partie du système à décrire, elle ne peut être totale que si elle infinie (ou très grande?)

Bien entendu toutes ces possibilités ne sont pas exploitées mais elles existent et l’énormité du chiffre laisse de la marge.

Ici c’est l’humain qui domine outrageusement l’univers et on peut ce demander si l’humain n’est pas la chose la plus importante dans l’univers ou au minimum considérer que c’est la structure la plus complexe qu’il a généré et qui, finalement, en est le plus représentatif.

Notre présence atteste de la capacité de la nature à produire un univers qui contient une conscience capable de constater son existence, même si cela paraît assez laborieux dans la mise en œuvre de ce résultat!

Reste à déterminer si c’est une finalité ou un artefact probabiliste de la nature lié à de gigantesques possibilités ce qui renverrait le problème à une nature (physique ou métaphysique) que nous aurions à qualifier….

Notes

[1] Il est possible que le pullulement supposé des trous noirs, ainsi que les éléments non identifiés (matière noire, énergie noire) , remettent en cause cette hypothèse, mais la différence avec l’humain est telle que la conclusion devrait y résister.

[2] On a divisé par deux le nombre de connexions , car la connexion de A vers B est la même que de B vers A.

[3] On pourrait objecter qu’on pourrait faire la même chose en considérant toutes les combinaisons des particules (baryons, photons) et on arriverait à un chiffre bien supérieur. Mais si la connectivité entre les différents neurones est bien matérialisée, quelle type de connectivité associer entre ces particules?

En effet s’il y a des couplages éventuels entre ces particules, cela n’est pas de la même manière. Notons qu’un atome a déjà une structure plus complexe avec ses niveaux d’énergie, qu’ils peuvent se lier entre eux pour former des molécules encore plus complexes et ainsi de suite jusqu’au vivant par exemple. Quelle part de particules dans l’univers sont dans cette situation?

Les connaissances actuelles montrent que la quasi totalité des particules sont impliquées dans des processus telles que le RFC (ultra majoritaire, de type quasi-corps noir), des nuages de gaz, des étoiles, des planètes où les phénomènes mis en cause (thermodynamique pour le RFC, les nuages de gaz, fusion nucléaire pour les étoiles, ..) sont très généraux et ne contiennent pas d’information, même au niveau de l’univers, comparable à celle du cerveau.

Resterait à déterminer l’impact de la gravitation qui en fragmentant les nuages et en provoquant leur effondrement contribue à augmenter l’information en produisant des galaxies, étoiles, planètes, etc? (fait baisser localement l’entropie car un amas de galaxies, avec son contenu, contient plus d’information que le nuage de gaz dont elle est issue.

Si la vie est un système dont l’entropie diminue, au détriment de son environnement (cf N. Wiener, cybernétique et société), la gravitation, toujours attractive (non symétrique, ce qui permet selon R. Penrose de justifier la flèche du temps) semble produire un effet semblable.

Mais il faut considérer que si le deuxième principe de la thermodynamique reste valable, pour que l’entropie d’un sous système puisse diminuer, il faut que celle de son environnement puisse augmenter, ce qui n’est pas si simple si celle-ci est très élevée. Car, de même qu’une étoile doit évacuer son moment cinétique angulaire pour se former (d’où les systèmes multiples ou les planètes), pour s’effondrer un nuage de gaz doit pouvoir évacuer une partie de son entropie dans le milieu environnant.

Notons que, comme la formation de trous noirs implique localement une forte capture d’entropie, piégée sous leur horizon, ceci peut expliquer la présence de trous noirs géants au cœur des galaxies, car en leur permettant d’évacuer leur entropie ceci contribue à la viabilité du processus de leur formation. De ce fait, comme sans trou noir central , une galaxie peine à se former, pas étonnant qu’on en trouve dans les galaxies existantes.