Deux entités intriquées
Il n’est pas douteux qu’au début de l’humanité c’est dans son rapport avec la nature, considérée comme extérieure mais indispensable à lui, que le Sapiens préhistorique a construit sa connaissance du monde.
A ce titre l’empreinte du monde est structurelle dans notre esprit. C’est quelque chose qu’on doit nécessairement prendre en compte dans notre analyse de la réalité physique et de la connaissance qu’on peut en avoir.
Notre connaissance du monde physique, bien qu’externalisée, est une production de notre esprit
Une des propriétés de notre esprit est de pouvoir prendre pour objet la connaissance que nous avons d’un phénomène. Pour cela il l’externalise, le considère comme un objet extérieur à nous même, comme une pierre qu’on regarderait et toucherait. Il sort, en quelque sorte, le phénomène de notre esprit, alors qu’en fait il est à l’intérieur (ce qu’on perçoit, même si on peut toucher la pierre, c’est son image cérébrale).
Cette impression d’objectivité est une source de confusion.
C’est le problème général de la connaissance scientifique, fondée sur des théories et validées par des expériences qui donne l’impression d’une objectivité totale. En fait tout cela est une production de notre esprit et incorpore l’empreinte de ses limitations dont certaines nous sont « invisibles »puisque leur discernement ne pourrait se faire qu’avec notre esprit qui lui même incorpore ces limitations. Certes nous pouvons constater des incohérences et contradictions mais rien ne prouve que certaines limitations nous soient totalement inaccessibles.
Une méthode pour améliorer la connaissance?
Comment intégrer la non complétude de l’outil de la connaissance dans son processus . Peut-être que certaines limitations en sont symptomatiques, comme en mécanique quantique par exemple.
Le problème n’est pas simple, il serait déjà résolu si c’était le cas. C’est un nœud Gordien.
Mais face aux limitations auxquelles la science se heurte aujourd’hui, la solution pour aller plus loin, sans prétendre vouloir tout résoudre, serait d’incorporer explicitement notre esprit dans la boucle.
Quid de la théorie de l’information?
Un moyen qui semble adapté est la théorie de l’information car, en tout état de cause, acquérir de la connaissance sur un phénomène, c’est que notre esprit acquière de l’information sur le phénomène d’une part par les modèles théoriques et d’autre part les expériences. Dans ce processus, comme l’information est mesurable, une théorie physique peut être établie.
Notons que ceci est déjà utilisé, par exemple pour l’entropie des trous noirs par différentes théories et que pour le rayonnement de Hawking on souligne le problème de la perte d’information. (ce qui serait une violation car elle est censée se conserver dans les phénomènes). Mais cette utilisation limitée à ces cas critiques de violation d’un principe ne prend pas en compte l’esprit du physicien, que nous suggérons d’introduire pour généraliser son application.
La nature de la connaissance
Elle a été l’objet d’étude de prédilection des philosophes, entre autres, car au cœur de toute réflexion sur ce qui différencie la condition humaine de celles des autres.
Connaissance et vérité
Un point essentiel était la relation entre connaissance et vérité. Ainsi Kant déclarait :« Les deux souches de la connaissance humaine, qui partent peut-être d’une racine commune mais inconnue de nous ; la sensibilité et l’entendement ; par la première les objets nous sont donnés, par la seconde ils sont pensés »Note : Par sensibilité, il faut comprendre ce qui nous est accessible par nos sens.
Kant déclarait également (entre autres)« La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité.
Or le seul moyen que j’ai de comparer l’objet avec ma connaissance, c’est que je le connaisse.
Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même. Mais c’est bien loin de suffire à la vérité . Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c’est si ma connaissance de l’objet s’accorde avec ma connaissance de l’objet.
Les Anciens appelaient diallèle un tel cercle dans la définition. »(cité dans « Le plaisir de pensée- de A. Comte-Sponville, éd. Vuibert).
On voit que l’étude de la relation entre connaissance et vérité conduit à une auto-relation dont on ne peut rien déduire de vrai !
Par ailleurs il est souligné, dans d’autres articles, que la connaissance d’un objet se heurte à la complexité de l’objet dont il est, en général, impossible de saisir tous les aspects. L’avis général est que la connaissance ne peut être, au mieux, qu’une partie de la « vérité ».
Connaissance et mathématiques
Les mathématiques ont été considérées, d’abord, comme le langage du livre dans lequel les lois de la nature sont écrites (Galilée), ensuite, on a plutôt considéré que ces lois étaient écrites dans la syntaxe des mathématiques mais que leur signification (la sémantique) relevait de la physique.
Considérées en tant qu’outil, les mathématiques fournissent des formalismes dont le morphisme supposé avec les lois qu’elles décrivent nous renseigne d’autant plus sur la nature de ces lois, que, in fine, ces lois se révèlent de nature relationnelle.
Existence des mathématiques
Une différence essentielle entre la physique et les mathématiques est que la physique doit « rendre des comptes à l’expérience », ce qui n’est pas le cas des mathématiques.
Cette propriété des mathématiques conduit au débat de leur existence, en dehors, de toute conscience humaine.
Dans une approche Platonicienne, on peut soutenir que les mathématiques ont une réalité propre que nous découvrons au fur et à mesure que nous les étudions.
La relation avec l’intelligence humaine est alors éducative : Elles forment et structurent notre esprit au fur et à mesure que notre découverte de cette réalité progresse.
Dans une approche existentialiste, on suppose que c’est une pure création de notre esprit, une partie structurante de notre activité cérébrale motivée par le besoin de nous adapter au monde extérieur.
A ce titre elle est aussi évolutive, mais sous contrainte du monde physique extérieur.
à suivre..