De la conscience
Dans des documents, sur ce site, de la rubrique « philosophie » vous en trouverez plusieurs traitant de l’existence et de la conscience d’exister, entre autres, où nous avons tenté d’en cerner la phénoménologie.
Si, la conscience d’être et d’exister, est la possibilité pour cet être, de se considérer aussi comme le sujet de sa démarche (un rapport qui se rapporte à lui-même, comme dit Kierkegaard), comme cette démarche invoque ce que nous nous proposons d’analyser, il est clair il n’est pas évident d’en cerner tous les attributs.
Conscience et existence
La conscience d’un individu d’exister suppose son existence. La réciproque est-elle vraie? Quelque chose peut-il exister sans en avoir conscience? A priori on est tenté de répondre positivement, si on suppose, par exemple, qu’ on peut exister pour autrui . Ainsi , ce caillou existe pour moi, bien qu’il n’en ait (probablement) pas conscience.
Une question qui se pose, que nous avons débattue, est: quelque chose existe-t-il « intrinsèquement » sans la nécessité d’une conscience pour le constater? Autrement dit l’existence est elle une propriété intrinsèque indépendante de la conscience?
Nous nous étions posé ce problème pour l’existence de l’univers alors que pendant une longue période, de cet univers, nous n’étions pas là ( pas de conscience humaine) pour la constater.
Constatant notre existence au sein de cet univers aujourd’hui, il paraît raisonnable de lui attribuer une existence avant, même si nous n’avons pu faire ce constat que tardivement. On attribue alors une « rétroactivité » à l’existence de quelque chose. On a conscience de son existence à un moment de son histoire on la lui confère à toute son histoire.
Notons que pour l’univers, peut-être, d’autres consciences non humaines ont pu exister ce qui élargirait sa capacité d’exister, sans pour autant régler complètement le problème. Par ailleurs, alors que la démarche de conscience que nous avons évoquée est individuelle, pour l’univers ce doit être la conscience , en tant qu’attribut de l’humanité, qu’il doit falloir considérer.
Dans le futur, où les consciences individuelles seront probablement, comme le montre le développement des réseaux, comme internet aujourd’hui, et ce n’est sans doute qu’une étape, de plus en plus connectés il est possible qu’on soit amené à généraliser ce concept de conscience à méta-conscience?
La temporalité de notre appréciation du problème
On peut considérer que notre analyse, à caractère temporel (nous sommes arrivés tardivement dans « l’histoire de l’univers »), liée à notre nature physique qui a modelé celle de notre esprit, où l’espace et le temps sont des entités que nous percevons et considérons comme des données immédiates de notre conscience, indépendantes et universelles , fausse notre approche.
L’approche relativiste résout ce problème
Ce problème d’apparition tardive dans « l’histoire » de l’univers disparait, si conformément à la relativité générale, nous considérons l’univers comme un espace-temps « globalement » ( le tout- appelé aussi univers bloc ) dans toute son extension spatiale et temporelle (pour parler « newtonien »)
Cet espace-temps est défini indépendamment de toute autre structure (il n’est pas inclus dans autre chose) : il n’a besoin que de lui même pour être totalement défini: tout ce dont il a besoin est contenu dans lui-même.
Notons au passage ce concept d’auto-description de ce système qui peut suggérer des analogies avec la conscience.
Cette typologie ne nous est pas familière et peut surprendre, mais c’est celle de la relativité générale et il se trouve qu’elle répond assez bien aux questions qu’on se pose dans notre cas.
Rappelons le pouvoir créateur et la puissance heuristique des mathématiques, activité humaine, dont la structure des formalismes qu’elles élaborent nous éclaire souvent sur la nature des phénomènes qu’elles décrivent. Ce peut paraître paradoxal, que cette activité humaine transcende souvent d’autres approches humaines des mêmes phénomènes.
Cet univers qui n’a pas de début, pas de fin, pas de passé, pas de présent, pas de futur, existe, ( puisque nous en faisons nativement partie, il en a au moins une conscience).
L’histoire, qu’on constate de l’intérieur de cet espace-temps, ne reflète que des structures internes à cet univers, mais pas son évolution globale
En effet, dans ce cas, tout est inclus nativement et indivisiblement dans cette description, (en particulier nous), ainsi ce que, de l’intérieur, on appelle espace, présent et futur.
Pour donner une image, le livre est écrit complètement, et nous le découvrons en tournant les pages (déjà écrites) au fur et à mesure de notre lecture.
Un robot construit par l’humain peut-il avoir une conscience?
A l’heure de la robotique et de l’intelligence artificielle, ne serait-il pas possible de construire un robot à notre image, par exemple, muni de senseurs (capteurs) pour acquérir des images, des sons des odeurs, du toucher, etc. afin d’ évaluer et d’acquérir de l’information sur le monde extérieur, et aussi muni d’activateurs pour se mouvoir et agir, en retour, sur ce monde extérieur, le tout régenté par un logiciel adapté aux tâches qu’on lui confie.
On connaît aujourd’hui les possibilités inouïes des « machines » construites par l’humain, qui s’apparentent de plus en plus aux nôtres, en beaucoup plus performant. Toute une littérature (Asimov par exemple) décrivent des sociétés futures (mais ce futur ressemble de plus en plus à la réalité d’aujourd’hui) où les robots, de toute sorte, jouent un rôle important dans notre société.
La crainte étant qu’ils nous supplantent, on invente des règles qui sont supposées nous protéger contre cela. Évidemment, cela suppose que ces robots ne soient pas capables de les transgresser, ce qui n’est pas garanti, cela dépendant du niveau d’autonomie qu’on leur confère (si on leur confère la possibilité de modifier leur logiciel par exemple, il sera difficile d’établir de telles règles) et aussi de bugs éventuels (on est tenté de les comparer cela aux mutations liées à des erreurs de transcription d’ADN).
On conçoit que ces robots (divers et variés) auraient (sans la moindre assistance humaine) la capacité de satisfaire aux fonctions essentielles: reproduction (construire de nouvelles machines), alimentation en énergie (puisée dans l’environnement), réparations, améliorations des fonctions et des performances. I
ls sont, par ailleurs, plus résistants aux aléas du monde extérieur que les humains. Par exemple, des robots ont voyagé loin dans l’espace, se sont posés sur Mars, ont exploré des planètes lointaines, alors que c’est un lieu inhospitalier et hostile pour nous, ils l’ont fait sans dommage sensible, ce qui est hors de portée pour l’instant pour l’humain. Comme, face à des aléas climatiques majeurs ils bien mieux « armés » que nous pour les affronter et les surmonter, on pourrait affirmer que l’avenir leur appartient!
Peut-on, de plus, conférer au robot une conscience d’être une entité, bien individualisée, avec le souci, que nous possédons, d’exister et de faire tout pour préserver cette existence et est-ce prudent?
Quel serait le type de programme correspondant et cela nous éclairerait-il sur notre propre conscience?
Cela suppose-t-il une notion d’individu pour avoir conscience « d’être » comme c’est le cas pour nous. Cette notion d’individu, s’appuie sur le fait que nous sommes des êtres limités (en volume) dans l’espace et le temps (la vie) avec un intérieur et un extérieur bien identifiable (on le voit) avec une surface (la peau) qui en est la limite. Ne sont-ce pas ces propriétés, liées au concept d’individu, qui sont les prémices de la conscience d’exister (elles délimitent l’individu en en donnant les limites spatiales et temporelles). Cette conscience « primaire » d’existence pouvant ensuite déboucher sur une réflexion plus profonde.
De par la nature de la conscience, qui semble liée à une distanciation mais avec une interaction avec son environnement, un programme « déterministe » qui confèrerait la conscience (qui serait alors programmable donc parfaitement connue et comprise) semble exclu. Ceci est corroboré par le fait qu’elle ne peut pas se déduire d’une approche réductionniste (propriété « émergente »).
Une approche non déterministe, résultant d’une structure fondée sur les réseaux neuronaux, encadrée par quelques logiciels fondamentaux pour gérer l’équivalent robotique de notre métabolisme, mais fonctionnant, pour une large part, par apprentissage lié aux interactions avec le monde extérieur pourrait -il faire émerger une forme de conscience aux robots?
Dans ces conditions, sous réserve que les arguments précédents définissant les attributs nécessaires à une conscience soient satisfaits, les mêmes conditions produisant les mêmes effets, alors on ne voit pas pourquoi les robots ne pourraient pas acquérir aussi une conscience.
L’émergence de cette conscience n’impliquerait-elle pas que de tels robots revendiquent leur autonomie, voire indépendance, se révoltent et échappent à notre contrôle et nous supplantent ? Pas sûr qu’ils sont plus raisonnables que nous, mais ils seraient plus résistants aux aléas de l’environnement. Dans une interview célèbre, S. Hawking ne donnait pas cher de nos chances en cas de conflit avec eux.
Dans ce cas, ironie du sort, s’ils se posent, à leur tour, le problème de leur origine, nous aurions pu répondre à cette question, mais probablement que nous ne serons plus là pour le faire!