Comment notre esprit peut décrire l’inconcevable! (3/11/24)

Rappel

Dans plusieurs autre pages de ce site, dans la rubrique » philosophie », nous nous sommes interrogé sur la limite de la connaissance que nous pouvions avoir de l’univers du fait que nous en faisons partie intégrante.

Quant à l’existence de l’univers, sa « création » ex nihilo, faisant intervenir implicitement, comme le souligne J. Peebles, un lieu et et un moment, à savoir, une structure invoquant les concepts de temps et d’espace, ne fait que reporter le problème.

En suivant la doctrine existentialiste, conforté par la théorie de la relativité générale avec son concept d’espace-temps qui dénie tout caractère physique au temps et à l’espace, que nous considérons pourtant comme des données immédiates de notre conscience, avec lesquelles nous appréhendons le monde où nous vivons, ceci nous conduit à constater son existence (et par conséquent, la nôtre) sans s’intéresser à la source de cette existence.

Nonobstant des contingences matérielles, comme le fait que, bien que la vie soit un processus dynamique, nous sommes constitués des mêmes atomes que ceux de l’univers inerte, avec les limites que cela impose, nous avons constaté (avec inquiétude mais aussi ravissement), que de façon surprenante, pour rendre compte des phénomènes que nous observons, nous avons élaboré des théories (relativité générale, mécanique quantique) qui semblent dépasser notre entendement et même le mettre à mal.

Au départ, cela a été perçu (négativement) comme une destruction de notre entendement, ce qui a généré un grand trouble chez les scientifiques [1], mais en reconsidérant la situation ceci se présente plutôt comme une opportunité pour l’extension de la connaissance.

Les mathématiques vs représentation synthétique des concepts: exemple

Les mathématiques sont un outil puissant, analytique et synthétique. L’exemple suivant en est une illustration.

Considérons un espace à 4 dimensions d’espace [2], (au lieu des 3 dimensions qu’on lui attribue habituellement).

Considérons une pièce fermée, une cellule de prison fermée cubique par exemple (à 3 dimensions) . Pour sortir, le prisonnier doit franchir une paroi (une face du cube). Si l’espace a 4 dimensions, il peut sortir sans franchir de paroi.

Les mathématiques montrent très simplement qu’il existe des courbes continues entre un point situé à l’intérieur du « cube tridimensionnel » et un point à son extérieur qui ne coupent pas les faces du cube dans un espace à 4 dimensions.

Notre esprit est incapable de concevoir cela, car nous ne « concevons » pas cette quatrième dimension. Ceci peut s’expliquer par le fait que nous sommes, (y compris notre cerveau), constitués de matière repartie dans un espace tri-dimensionnel, évoluant dans une autre dimension: le temps.

Il est raisonnable de soutenir qu’étant à 3 dimensions d’espace, nous ne pouvons pas en concevoir plus. En fait, c’est plus subtil, car si nous ne pouvons pas nous le représenter synthétiquement, nous pouvons le décrire analytiquement .

Ceci montre bien que les mathématiques nous permettent de transgresser nos perceptions immédiates et ce qui ouvre une voie royale à des progrès de la connaissance.

Le paradoxe

Le paradoxe est que les deux aspects décrits sont tous les deux des activités humaines, mais qui ne donnent pas le même aperçu du phénomène.

Cela ne risque-t-il pas de créer un traumatisme et un malaise (schizophrénie) dans notre entendement comme, lorsque, en voiture, si on ne regarde pas la route, notre corps subit des sensations discordantes (accélérations par exemple) de celles que notre vue nous fournit.

Quelles perspectives sont ouvertes?

Cette ouverture ne doit pas être considérée comme permettant de dire que, (comme on ne sait pas tout, on ne sait rien), n’importe quoi, a la même valeur (comme les charlatans de tout poil le soutiennent), au quel cas nous ne pourrions pas l’assimiler à de la connaissance, qui suppose une structuration de monde par des lois encadrant l’imaginable pour en extraire le possible. C’est du moins l’hypothèse qu’il semble raisonnable de faire.

Dans ce contexte, pouvons nous imaginer voire « expliquer » l’existence du monde et par conséquent la nôtre ou est-ce par nature inaccessible.

Ce point peut être discuté à défaut d’être résolu.

Obstacles et paradoxes conceptuels

De l’existence

Concernant notre existence, nous avons choisi l’approche existentialiste qui considère que l’existence ne peut que se constater et ne peut pas s’expliquer.

Le fait que l’existence se constate est indiscutable (une vérité) mais le fait qu’elle ne puisse pas s’expliquer peut sembler une pirouette pour éluder le problème et, à ce titre, peut laisser certains esprits insatisfaits.

Cette approche peut-elle être considéré comme un principe: un individu ne peut pas par « par principe » expliquer son existence puisque pour le faire il faut qu’il existe: la source ou les causes de cette existence ne présentent aucun intérêt puisque cela se produit, sans que cette explication ait été nécessaire.

La quête de l’existence?

Malgré tout, on peut objecter, qu’il serait intéressant pour l’esprit, de comprendre comment cela est arrivé. On connait les arguments « anthropiques » qui constatent que les conditions de notre existence dans l’univers étaient réunies, pour que cela soit possible, mais on comprend que ce n’est pas surprenant, et que ce qui aurait été surprenant (tautologie) c’est qu’il en ait été autrement.

Par ailleurs d’autres conditions auraient pu donner soit la même chose, soit d’autres formes de vie.

L’importance du contexte

Ce qui frappe tout de même, c’est la démesure et la complexité du contexte mis en œuvre: Un immense univers, des phénomènes d’une violence inouïe, des tailles et des temps gigantesques pour accoucher d’êtres minuscules et fragiles sur une minuscule planète isolée dans une région minuscule de cet univers.

De notre point de vue, tout cela est-il vraiment nécessaire!

A supposer une intervention divine ou l’action d’un démiurge, ce qui vient à l’esprit c’est qu’on aurait, sans doute faire plus simple, (par exemple le Soleil avec la Terre paraitrait être suffisant), du moins, à première vue. A ce titre, on se demande si notre existence ne serait pas, alors, un phénomène accessoire et marginal.

Pourtant, quand on examine l’immense univers, inerte pour l’essentiel, la vie semble, par sa complexité et ses capacités, être le phénomène le plus élaboré qu’il comporte, à tel point que, avec notre égocentrisme naturel, on pourrait en déduire que la raison d’exister de l’univers « c’est nous« , puisque c’est là que sa fécondité la plus profonde se manifeste, le reste étant accessoire!

On peut nuancer ce propos, par le fait que c’est notre point de vue que nous présentons, avec nos limitations d’appréciations dont nous n’avons évidemment pas conscience, et aussi le fait que, puisque cela nous concerne, notre objectivité peut être mise en doute.

Mais quand même, il y a de quoi être impressionné (et aussi dubitatif) , si tout cela c’est rien que pour nous!!!

Ceci dit, il faut rappeler que notre esprit et la vision du monde que nous avons est très (trop?) influencée par notre rapport avec notre environnement immédiat avec lequel nous vivons en symbiose et que les concepts que nous tenons pour intangibles ne sont que des « habitudes » de pensée.

Quelques raisons d’espérer!

Rappelons nous comment, il y a plus de 2000 ans, Platon imaginait, déjà, un monde des idées parfait et que notre monde « sensible » n’en voyait qu’un aspect déformé et incomplet (les phénomènes).

On ne peut être qu’admiratif vis à vis d’une telle représentation abstraite et sophistiquée du monde, élaborée à une époque où la connaissance était très limitée par rapport à ce quelle est aujourd’hui!

Se débarrasser des concepts de temps et d’espace

Concernant notre existence, on peut comprendre que la vie (dont nous résultons par une évolution dans le temps) ait pu émerger dans l’univers en considérant les lois que nous avons découvertes et que nous lui connaissons, et du coup, le problème se ramènerait à celui, d’abord, de l’existence de l’univers.

Dans l’analyse du modèle standard, avec nos concepts intuitifs de temps et d’espace, nous supposons une création (Big Bang), dont les modalités (un peu trop anthropomorphiques, au goût de certains) sont discutées et remises en cause, du moins dans leur description, mais il est paradoxal qu’une telle discussion émane d’un humain, lui même élément (tardif ) d’une évolution, de ce qui a été créé. Donc ceci n’apporte aucune information, sur cette nécessité de création, puisqu’elle implique qu’elle est déjà faite, pour cette réflexion puisse se produire.

Une voie intéressante pour dénouer ce nœud gordien est de s’intéresser à notre conception de l’espace et du temps considérés comme des données immédiates de notre conscience, mais qui ne sont peut-être que des habitudes de pensée, car tous ces raisonnements et considérations se font implicitement dans ce contexte spatial à 3 dimensions et temporel qui ordonne les événements à une dimension.

La science moderne nous ouvre la voie puisque la relativité nous montre qu’au niveau des phénomènes de l’univers c’est une entité plus synthétique (l’espace-temps) qu’il faut considérer comme ayant une réalité physique et la mécanique quantique montre que certains phénomènes sont inexplicables en termes de temps et d’espace. C’est donc dans ce contexte qu’il faudra faire notre analyse pour tenter de surmonter les barrières conceptuelles qui nous étouffent.

Premiers éléments d’une analyse sans le temps et l’espace

Alors, qu’avec les concepts de temps et d’espace, nous avons été amenés à considérer une « création » (« ex nihilo ? », dans notre passé) de notre univers à un moment donné (localisé dans notre passé) et en un lieu donné (celui qui contient le lieu où nous sommes), ceci supposant une structure « hôte » qui les héberge, hôte intégrant ces concepts de temps et d’espace, l’approche par l’espace-temps de la relativité générale est conceptuellement plus simple.

En effet le concept de création « ex nihilo » est quelque chose qui défie notre entendement. Si ce n’est pas « ex nihilo », cela ne fait que reporter le problème,[3] car il faut expliquer ce qui existait avant!

L’approche par l’espace-temps ne nécessite pas de création dans le temps et dans l’espace et n’a besoin d’aucun contexte « hôte » pour l’héberger, car elle est indépendante de tout cela, (l’espace-temps n’a pas besoin de l’espace et du temps car il est plus que l’espace et le temps qui n’en sont que des ombres) et est autosuffisante (elle contient tous les éléments à sa propre description).

Devons-nous aussi « justifier » son existence?

Là, nous touchons à un problème de fond celui du concept d’existence, car comme précédemment, pour poser ce problème de l’existence de quelque chose dont nous faisons partie, il faut que ce quelque chose inclut une conscience (nous) constate cette existe et constate cette existence. Dans d’autres pages de ce site, nous nous étions demandé si l’existence de quelque chose sans une conscience pour le constater avait un sens. Nous avions opté pour la négative.

Donc, la question est: se poser la question de l’existence, dans un tel contexte, a-t-il un sens? Ne faut-il pas envisager une autre approche?

à suivre..

[1] Le concept d’espace-temps en relativité générale reste mal compris et la mécanique quantique a la réputation d’être une théorie efficace mais à laquelle on ne comprend rien (dixit Feynman)!

[2] Il s’agit de 4 dimensions d’espace, pas de l’espace-temps quadridimensionnel.

[3] Une allégorie sous forme d’histoire est généralement proposée pour illustrer cela. Un homme s’est promené une semaine durant, avec un poireau dans l’oreille, à la stupéfaction de ses voisins n’osant pas lui demander pourquoi.

Mais le dernier jour, comble de surprise, il avait une banane au lieu d’un poireau dans l’oreille. La curiosité des voisins l’emporta. Il leur expliqua simplement, que ce matin là, il n’avait pas trouvé de poireau à un prix raisonnable, en faisant son marché, d’où la banane qui était à un prix bien plus abordable!

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